Présentation de Kurai Htogoroshi

Cela remonte à longtemps. Une période gravée dans l’histoire, glorieuse pour certains, mais honteuse pour d’autres. Gravée dans le cœur d’un homme, marquée par le sang.
Ainsi débuta l’histoire.
C’était durant l’époque féodale, dans les débuts du shogunat : le shogunat Tokugawa. Cet homme, dont le nom fut oublié… Privilégié, il l’était. Issu d’une famille riche et influente, il reçut dès l’âge de ses quatorze ans l’enseignement du Bushido. Code moral basé sur l’honneur et le respect, il était néanmoins la voie du guerrier, celle à laquelle tout le monde aspirait. Apprenant le maniement de l’arc, de la lance et de diverses armes de poing, le jeune samouraï se remarqua par ses prouesses et se rapprocha rapidement du chef du pays, friand d’exploits militaires. Ainsi, à l’age de dix-huit ans, il accepta avec honneur de servir de tout son cœur le shogun en tant que samouraï lié à sa personne. Etant un garde personnel, il bénéficiait de la confiance totale du shogun, et participait même à ses sorties les plus prestigieuses. Mais une réalité bien plus terrible faisant trembler le palais shogunal : l’empereur voulait reprendre le trône qui lui était légitime. En effet, le shogun Tokugawa régnant avait pris possession du pays lors d’une guerre. Insurrections, révoltes et partisans de l’empereur faisait tomber une après l’autre les villes japonaises contrôlées par le shogun. Le jeune samouraï fut assigné avec bon nombre de ses camarades à la défense de la capitale : celle-ci fut néanmoins un échec. L’empereur avait usé de tous les moyens en sa possession pour parvenir à ses fins. Des décisions prises dans l’ombre par des hommes fourbes aux sombres desseins, dont l’Histoire ne connaîtra jamais le nom. L’épée brillant sur le champ de bataille ne fut guère utile contre ces manigances… Le shogun fut châtié et condamné à mort, entraînant avec lui la fin définitive des shogunats. Les samouraïs survivants furent privés de maître : l’empereur n’eût nul besoin de les condamner à mort. Se retrouver sans maître était le plus déshonorant pour ces hommes, et certains se donnèrent la mort eux-mêmes. D’autres échangèrent leur lame contre une bêche, et vécurent reclus dans les campagnes, loin des terres impériales.
Notre jeune guerrier n’était pas destiné à finir comme ceux-ci. Ronin depuis ce jour funeste où le palais de son maître fut réduit à néant, il vit désormais sur les routes du Japon, menant une vie intrépide et libre. S’adonnant au brigandage et à l’assassinat, c’est à l’aube de ses vingt ans qu’il abandonna son nom, vestige du passé. Kurai Hitogoroshi, ainsi se faisait-il appeler. « Assassin de l’ombre ». Peut-être était-il fait pour cette vie ?
Il nourrit certes de la haine à l’égard de son empereur, qui pour lui est monté sur le trône de façon déshonorante, tandis que son ancien maître avait gagné ce titre sur le champ de bataille, mais Kurai ne cherche point à se venger. Seul lien avec son passé, il portait toujours son long katana, Shiragiku Tsurugi, qui lui fut offert par le shogun en personne, lors de son intégration dans la Garde shogunale.
Vêtu simplement de vêtements amples et clairs, il a laissé pousser ses cheveux de jais, dissimulant une partie de son visage. Plutôt bel homme, il sait apprécier ce que sa nouvelle vie peut lui apporter. Argent, femmes, danger. Tout ceci est désormais son univers. Vivre dangereusement, où la possibilité de se faire trancher la gorge dans son sommeil, prendre au dépourvu lors d’un de ses contrats, est désormais sa seule raison de vivre.
Désireux de nouveaux horizons, il se trouve à présent dans le port de Fukuoka, et projette désormais de s’embarquer clandestinement sur un navire marchand qui le mènera vers des contrées qui lui sont inconnues…